Recensement agricole 2020 : Quelle évolution pour l’agriculture en France ?
“On a quand même de la chance en France, on mange bien comparé à d’autres pays !”
”C’est un beau métier agriculteur, mais ça ne doit pas être facile”
Qui n’a jamais entendu ou prononcé ce genre de phrases dans la vie de tous les jours ?
Et pourtant, que sait-on vraiment de l’agriculture française et de sa place dans notre société et dans le monde ?
Chez Topinamour, comme vous pouvez vous en douter, on est en contact toutes les semaines avec nos chers producteurs et on en profite pour travailler avec eux sur leurs exploitations. Quoi de mieux pour comprendre leur métier et leur problématique que d’être en immersion dans leur quotidien. C’est un sujet qui nous tient très à cœur.
Et si on profitait des résultats du recensement agricole 2020 pour tenter de mieux comprendre notre agriculture et son évolution ces dernières années ?
On va essayer de dresser un portrait de l’agriculture française en s’appuyant sur les chiffres clés du recensement.
Mais alors, le recensement agricole en France, c’est quoi exactement ?
1. Le recensement agricole : Qu’est-ce que c’est ?
2. Comment s’est déroulé le recensement agricole 2020 ?
3. Quels sont les résultats de ce recensement décennal ?
1. Le recensement agricole : Qu’est-ce que c’est ?
Le premier recensement agricole en France date de 1955. Depuis 1970, il a lieu tous les 10 ans, il s’inscrit dans le cadre national et européen et est obligatoire. Il s’agit d’une des plus grosses opérations statistiques réalisées en France, qui permet d’actualiser les données sur l’agriculture de notre pays.
Ce recensement couvre toutes les exploitations agricoles en France métropolitaine et dans les DOM (soit plus de 350 000) et analyse plusieurs centaines de données (cheptels, main-d’œuvre, modes de production et de commercialisation des produits, diversification des activités).
En ce qui concerne le recensement de 2020, la collecte des données a démarré début octobre 2020 pour se terminer fin avril 2021. Les résultats définitifs seront connus en avril 2022 mais les premiers résultats permettent déjà d’obtenir une photographie assez complète du monde agricole et de ses évolutions.
Le recensement agricole est donc un outil important pour le pilotage des politiques publiques et pour analyser, entres autres, la place de l’agriculture française au sein de l’Union européenne.
2. Comment s’est déroulé le recensement agricole 2020 ?
Objectif de ce référencement agricole 2020 : Rendre la collecte des données plus simple et plus fiable. Les nouveaux modes d’opération présentent un avantage pour toutes les parties prenantes car ils peuvent être réalisés en partie sur internet.
Ainsi, même si de nombreux enquêteurs se sont déplacés sur le terrain, une grande partie des données a été collectée via internet (et par téléphone). Toutes les exploitations de France et d’Europe sont concernées par cette enquête. En général, c’est le chef d’exploitation qui est invité à y répondre via un questionnaire en ligne.
Tous les exploitants ne sont pas contactés au même moment, cependant le recensement agricole couvre bien la même période (7 mois) que ce soit pour la France ou les autres pays européens. En tout 18 régions sont concernées par le référencement agricole en France.
En plus des données collectées sur internet, une collecte plus approfondie est réalisée par un enquêteur, sur le terrain, mais cela concerne un nombre défini et réduit d’exploitations.
Mais qu’en est-il des données en elles-mêmes ? Les données collectées sont anonymes, confidentielles et utilisées à des fins exclusivement statistiques.
3. Quels sont les résultats de ce recensement décennal ?
Parlons peu, parlons chiffres, que disent les résultats du recensement agricole 2020 ?
- Le nombre d’exploitations diminue … : 389 000 exploitations ont été recensées en 2020 en France métropolitaine soit une baisse de 21% par rapport à 2010 (environ 500 000 à l’époque). Tandis qu’on dénombre 26 600 exploitations dans les départements d’Outre-mer.
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A noter que l’on pouvait dénombrer 1 587 000 exploitations en France en 1970. En revanche et comme vu précédemment, cette baisse n’impacte pas la surface agricole en France, qui reste stable voir même augmente ces dernières années.
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…mais leur surface augmente : 69 hectares de surface en moyenne pour la France métropolitaine, soit 14 hectares de plus qu’en 2010 (5 hectares dans les DOM)
- Les exploitations agricoles les plus nombreuses sont celles spécialisées en grandes cultures. C’est à dire les cultures de céréales (blé, orge, maïs, etc…), d’oléagineux (soja, tournesol, etc…) et de protéagineux (pois, etc…). Dans les autres grandes exploitations on note celles spécialisées en viticulture suivies par l’élevage bovin.
- En 2020, 759 000 personnes occupent un emploi permanent dans les exploitations agricoles. Sur celles-ci, 496 000 sont chefs d’exploitation et co-exploitants, dont 26% de femmes. Par ailleurs, 58% de ces exploitants ont 50 ans ou plus.
- Le nombre de salariés permanents non familiaux a augmenté de +8,6% en dix ans tandis que le nombre de travailleurs familiaux travaillant de manière permanente sur l’exploitation a diminué de 38%. Ce qui pourrait indiquer que l’envie des familles de reprendre les exploitations a diminué.
- Les salariés permanents non familiaux occupent une part plus importante même si le travail familial reste toujours majoritaire.
- En France métropolitaine, 51,8% des exploitations sont à dominante végétale (versus 45,1 % en 2021) contre 37,3% pour les élevages (42,7% en 2010)
- Entre 2010 et 2020, la part des exploitations en agriculture biologique a augmentée de 8,4% tandis que celle des cultures vendant en circuit court a augmentée de 5,6%
- La surface agricole française représente 26,7 millions d’hectares, soit près de 50% du territoire métropolitain (c’est beaucoup quand même).
4. Quelle évolution pour l’agriculture française ces dernières années et quelle est sa place en Europe ?
Le nombre d’exploitations agricoles a chuté de 21% en 10 ans et cette baisse est continue depuis les années soixante-dix. Néanmoins, cette chute est moins marquée que lors des décennies précédentes (3% de 2000 à 2010 versus 2,3% de 2010 à 2020).
Par ailleurs, le nombre d’exploitations spécialisées en végétaux diminue de manière moins prononcée que celles spécialisées dans les élevages. Et bonne nouvelle, depuis le dernier recensement, la part des exploitations biologiques a triplé.
Ce type d’agriculture est le reflet de l’évolution de la société, où les débats sur les produits chimiques utilisés et la qualité des aliments prennent une place importante. L’agriculture biologique est donc vraisemblablement vouée à croître dans les prochaines années et, est portée par des exploitants plus jeunes que la moyenne . Cette tendance se retrouve aussi chez les exploitations engagées dans la vente en circuit court.
Le recensement agricole 2020 permet par ailleurs de dégager une autre tendance moins réjouissante, celle du vieillissement des exploitants. Presque un quart des exploitants dépasse 60 ans. Il y a en effet un véritable enjeu pour notre pays à rendre le métier d’agriculteur plus attractif pour les plus jeunes et notamment pour la population féminine.
Et quand on voit les contraintes inhérentes à ce secteur (rémunération, pénibilité, normes imposées etc.), on se rend compte qu’il y a beaucoup de travail à faire pour mettre en place de nouvelles politiques.
Au-delà du cadre national, la France est une puissance agricole reconnue en Europe et dans le monde. En 2020, c’était le premier producteur agricole de l’Union européenne, avec une production estimée à 76 milliards d’euros soit près de 18% de la production totale en Europe. La France est suivie dans ce classement par l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
Lucas Fontaine – 2022